“Cléo de 5 à 7” d’Agnès Varda

Affiche de Cléo de 5 à 7 d’Agnès Varda, Ciné-Tamaris & Mk2, 1962.

Cléo de 5 à 7 d’Agnès Varda

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Ça parle de quoi ? Cléo, chanteuse vedette, erre dans Paris, de rencontres en rendez-vous, dans l’attente d’un résultat médical.

On trouve quoi dans ce film ? Le casque d’or de Corinne Marchand + la musique de Michel Legrand + Michel Legrand + Paris l’été + les années 60 + une action en temps réel + l’insouciance + la vacuité d’une vie + l’angoisse d’une vie + le bonheur d’une vie + tout un tas de trouvailles cinématographiques + tout un tas de gens célèbres dont Anna Karina, Jean-Luc Godard, Sami Frey et Jean-Claude Brialy.

Qu’est-ce que j’en pense ?

Cléo de 5 à 7 est un bonbon. Déjà parce que c’est très joli : Agnès Varda filme Corinne Marchand dans un noir et blanc lumineux ; Paris fait absolument rêver ; la musique de Michel Legrand est belle et mélancolique ; la caméra glisse sur les peaux, les émotions, les froncements des sourcils, les tremblements des lèvres ; le regard de la réalisatrice est un regard aimant, qui veille sur son sujet, ses personnages, le mouvement de leurs âmes, les désirs de leurs corps. Ensuite, le souvenir acidulé que vous laissera le film vous donnera l’envie d’y revenir régulièrement – le plaisir appelle le plaisir. Dans une robe à gros pois faussement pudique, la sculpturale et angélique Corinne Marchand se balade dans Paris. Elle est hantée à la fois par l’angoisse de la mort et par le désir ardent de vivre. Et nous emporte avec elle dans ce ballet des émotions : on la suit partout, dans ses errances, ses errements, ses chansons, ses soupirs, ses yeux liquides, sa peau frémissante. Le film agit comme une bulle réconfortante, alors même que l’angoisse de la disparition infuse la pellicule, et donne envie de s’y réfugier. Aussi, peut-être, parce que dans ce deuxième film, Agnès Varda réussit à capturer l’essence du Paris de la Nouvelle Vague à travers un double regard féminin, celui de la seule réalisatrice de ce mouvement, et celui de son héroïne, chanteuse-actrice incarnation parfaite de son époque. Cléo de 5 à 7 oscille toujours entre inquiétude et sensualité, et propose une variation douce-amère sur les angoisses de l’existence. Ce film, à l’image de toute la filmographie d’Agnès Varda, est une invitation à l’amour, de soi, des autres et surtout de la vie. Alors, comme Agnès, qui, dans son discours de remise de l’Oscar d’Honneur en 2017, disait « entre la gravité et la légèreté, je choisis la légèreté, et je danse, je danse la danse du cinéma », choisissons la vie, ses joies, ses beautés, et dansons la danse de la vie !


Comment voir ce film ? Gratuitement sur france.tv jusqu’au 3 juin 2025, y sont également disponibles, de la même réalisatrice, L’une chante l’autre pas, Le Bonheur et Sans toit ni loi. Pour ce genre de film, vous pouvez aussi consulter Mubi (abonnement payant), ainsi que Mk2Curiosity, Arte et Internet Archive qui proposent des films en accès libre et gratuit. Et pour enrichir l’expérience, l’exposition “Le Paris d’Agnès Varda, de ci, de là” au Musée Carnavalet à Paris aura lieu du 9 avril au 24 août 2025 !


La fiche d’identité du film : Cléo de 5 à 7 d’Agnès Varda, France, 1962, 1h26.

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