“Y’a qu’à pas baiser” de Carole Roussopoulos

Image extraite du film Y’a qu’à pas baiser de Carole Roussopoulos, 1971.

Y’a qu’à pas baiser de Carole Roussopoulos

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Ça parle de quoi ? Y’a qu’à pas baiser présente de manière alternée des images de manifestations pro-IVG et des images d’un avortement clandestin, alors même que l’Interruption Volontaire de Grossesse est encore, au moment de la sortie du film (en 1971), interdite et pénalisée (et ce, jusqu’à la loi Veil promulguée en 1975).

On trouve quoi dans ce film ? Un avortement selon la méthode “Karman” + une manifestation pro-IVG + des réactions de femmes en bord de cortège et des regards noirs d’hommes qui ne disent rien mais n’en pensent pas moins + des discours anti-avortement vs. une parole libre pro-avortement + un film-manifeste.

Image extraite du film Y’a qu’à pas baiser de Carole Roussopoulos, 1971.

Qu’est-ce que j’en pense ?

À l’heure où l’IVG est un droit constitutionnel (depuis mars 2024), il est important de se rappeler d’où nous venons et comment la lutte s’est faite. Alternant des discours anti-IVG (« Il ne faut pas s’y tromper, le sang du foetus est rouge », « Elles n’ont qu’à pas être si feignantes ! », et le fameux « y a qu’à pas baiser » prononcé par… une femme !) et des paroles pro-choix de femmes qui prônent l’accès au plaisir, à l’information, à la contraception, à la procréation éclairée et à la libre disposition de son corps, Carole Roussopoulos, sa petite caméra vidéo Portapak à l’épaule (la première femme au monde à s’en être procurée une et le deuxième être humain après… Jean-Luc Godard !) signe un film coup de poing tout à la fois violent et doux. La séquence centrale filme un avortement, frontalement, sans ellipse, sans fioriture, sans se voiler ni la face ni le sexe. C’est drôle, c’est fort, c’est poignant, on ne ressort pas de ce court-métrage indemne. Non, on en sort bouleversé et convaincu que les combats sont longs, souvent rudes, parfois même violents (quand sort ce film, l’IVG est pénalisée, ce qui veut dire que la réalisatrice mais aussi toutes les femmes qui participent à l’avortement filmé ici sont susceptibles d’aller en prison), mais toujours nécessaires.


Comment voir ce film ? Gratuitement ici + pour 3€99 (3€ pour les étudiants) sur Bref Cinéma (abonnement mensuel) + pour 2€ sur Tenk et La Cinetek (location) + en DVD pour 15 € sur le site internet du Centre audiovisuel Simone de Beauvoir. Enfin, les sites de visionnage en ligne renouvellent régulièrement leur catalogue. Pour ce genre de films, vous pouvez aussi consulter Mubi (abonnement payant), ainsi que Henri (la plateforme de la Cinémathèque), Mk2 Curiosity, Arte et france.tv qui proposent des films en accès libre et gratuit.


Le fiche d’identité du film : Y’a qu’à pas baiser de Carole Roussopoulos, France, 1971, 17 minutes.

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